« Vous portez un artiste, madame. »
Une tante m’a raconté que ma mère avait consulté une cartomancienne lorsqu’elle était enceinte de moi. Celle-ci aurait affirmé que ma mère portait un artiste. Il semble que je criais plus fort que tous les autres poupons à la maternité. Un chanteur était né!
C’est pourtant ma passion pour l’histoire et mes griffonnages de petits bonshommes qui m’ont valu des éloges pendant mon enfance. J’ai également eu un grand intérêt pour la photographie et le cinéma, que j’ai brièvement étudié. J’aimais aussi écrire des poèmes ou des histoires. Tous croyaient alors que je deviendrais prof d’histoire, illustrateur ou graphiste. Mais c’est bel et bien la musique qui m’a happé à 12 ans.
J’ai d’abord découvert des disques. Des tas de disques laissés derrière par le grand frère de mon ami lorsqu’il quitta le nid familial. On s’est mis à écouter un à un tous ces vinyles des Yes, Black Sabbath, Beatles, Stones, CCR, Johnny Winter, King Crimson et j’en passe. Mon éveil musical a véritablement débuté à ce moment.
“You are carrying an artist, madam. »
An aunt told me that my mother had consulted a fortune-teller when she was pregnant with me. She would have claimed that my mother carried an artist. It seems like I was screaming louder than all the other babies in the maternity ward. A singer was born!
However, it was my passion for history and my doodles of little cartoons that earned me praise during my childhood. I also had a great interest in photography and films, which I briefly studied. I also liked to write poems or short stories. Everyone believed then that I would become a history teacher, illustrator or graphic designer. But it is indeed the music that stole my heart when I was 12.
I first discovered records. Piles of records left behind by my friend's older brother when he left the family nest. We listened to them all, the likes of Yes, Black Sabbath, Beatles, Stones, CCR, Johnny Winter, King Crimson and so on. My musical awakening really started at that moment.
There was also this mandatory class in musical harmony while I was in High School. I was assigned the clarinet. For two years I learned to read and understand musical structures. We played jazz standards, a style that was unknown to me until then.
I already owned a second hand acoustic guitar but it was when my friend invited me to join his band that the connection with this instrument really clicked. I didn't have an electric guitar so my friend lent me a copy of a Fender Strat that I plugged into a home stereo… We then proceeded to ruin all the songs of our favorite Heavy Metal bands!
In 1984 I bought my first white Aria Pro II Flying V electric guitar with a 60 watt Roland Cube amplifier - which I still own! I then joined another Heavy Metal band who fired me after a few weeks. I was not very good at playing at 180 bpm! It was the end of my metal career!
Il y eut aussi ce cours obligatoire d’harmonie musicale en première secondaire où on m’attribua la clarinette. Pendant deux ans j’ai appris à lire et comprendre les structures musicales. On interprétait des standards du jazz, un style qui m’était jusqu’alors inconnu.
Je possédais déjà une guitare acoustique achetée d’occasion mais c’est lorsque mon ami m’a invité à joindre son groupe que la connexion avec cet instrument s’est faite. Je n’avais pas de guitare électrique, mon ami me prêtait une copie de Fender Strat que je branchais sur une chaine stéréo domestique. On a ainsi ruiné toutes les pièces de nos groupes Heavy Metal préférés!
En 1984, j’achetais ma première guitare électrique Aria Pro II Flying V blanche avec un amplificateur Roland Cube 60 watts - que je possède toujours! Je rejoignis ensuite un autre groupe Heavy Metal qui me vira au bout de quelques semaines. Je n’étais pas très doué pour jouer à 180 bpm! Ce fut la fin de ma carrière métal!
“A piano is not an ornament! If no one plays it, I sell it! »
I took this threat from my mother very seriously and from 1985, I sat down at the piano to create my first compositions. My tastes had led me to these long pieces, often instrumental, by groups that have now gone down in history. And since creation was what turned me on the most, I took it into my head to compose a first (very naive) conceptual project: The Führer’s War And Peace Project.
« Un piano n’est pas un bibelot!
Si personne n’en joue, je le vends! »
Je pris cette menace de ma mère très au sérieux et dès 1985, je m’assoyais au piano pour créer mes premières compositions. Mes goûts m’avaient mené vers ces longues pièces, souvent instrumentales, de groupes maintenant passés à l’histoire. Et puisque la création était ce qui m’allumait le plus, je me mis en tête de composer un premier projet conceptuel (très naïf) : The Führer’s War And Peace Project.
Je fis appel à deux amis pour enregistrer le tout de façon rudimentaire à la maison. Je fis également appel à François Beaugard, un violoniste diplômé du Conservatoire de Musique qui ajouta sa touche sur certaines pièces. On en tira une cassette de 8 pièces qu’on vendait à nos amis. Deux pièces qui se développait sur 8 et 10 minutes sortaient réellement du lot et préfigurerait mon style de compositions futures : Führer’s Decline et Damn Führer.
I called on two friends to record the whole thing at home in a very rudimentary way. I also met François Beaugard, a violinist who had graduated from the Music Conservatory, to add his touch to certain pieces. We made copies of this 8-piece cassette that we sold to our friends. Two tracks that developed over 8 and 10 minutes really stood out and would prefigure my style of future compositions: Führer's Decline and Damn Führer.
We formed a group called The Führer's Project to perform my music concept. Along with my compositions, our repertoire included songs from Bon Jovi, Black Sabbath, Wings, Beatles and Scorpions, among others… Eclectic or indigestible, you tell me!
When The Führer's Project disbanded in the spring of 1990, I had in hand compositions for a second embryonic project of which we had recorded a second demo (in a real studio this time). I left with my recording, determined to take on the world!
“Group seeks keyboardist...”
I confess, I never intended to join a band… I was looking for musicians to perform my project! In the end, I convinced the three musicians to follow me in this concept project. After two months of rehearsal, we played live at the Hémisphère Gauche, a Montreal bar, in October 1991. It was a total disaster and two members jumped ship. Only bassist Serge Delisle stayed with me and we started auditioning musicians.
In the summer of 1992, Éric Pilon on guitar and François Labelle on drums joined us. Together, we completed the writing of the concept called Existence. Serge suggested we take the title of the concept as the group name. The rest is history, as they say… Existence was born.
The complete history of Existence is well detailed on the band's website, but in summary:
On forma un groupe nommé The Führer’s Project afin de présenter mon œuvre en spectacle. Hormis mes compositions, notre répertoire comportait des chansons de Bon Jovi, Black Sabbath, Wings, Beatles et Scorpions, entre autres… Éclectique ou indigeste, c’est selon!
Lorsque l’aventure du Führer’s Project se termina au printemps 1990, j’avais en main des compositions pour un deuxième projet embryonnaire dont nous avions enregistré une seconde maquette (dans un réel studio cette fois). Je quittai avec mon enregistrement, bien décidé à mettre en œuvre ce projet!
« Groupe cherche claviériste »
Je l'avoue, je n’ai jamais eu l’Intention d’intégrer un groupe… Je cherchais des musiciens pour interpréter mon projet! Au final, je convainquis les trois musiciens de me suivre dans ce projet concept. Après deux mois de répétition, on donna un premier spectacle à l’Hémisphère Gauche, un bar de Montréal, en octobre 1991. Le résultat fut désastreux et deux membres quittèrent le navire. Seul le bassiste Serge Delisle resta à mes côtés et on se mit à auditionner des musiciens.
À l’été 1992, Éric Pilon à la guitare et François Labelle à la batterie se joignirent à nous. Ensemble, on acheva la construction du concept nommé Existence. Serge proposa de prendre le titre du concept comme nom de groupe. Le reste appartient à l’Histoire, comme on dit… Existence était né.
L’histoire complète d’Existence est bien détaillée sur le site du groupe, mais en résumé :
Existence played live constantly from 1992 to 1996, performing the original project on more than 80 occasions. Fragile Whisperings of Innocence, the first act of the project was released in February 1994 on the Black Pearl Productions label that I had started with a friend.
In the spring of 1996, Éric Pilon left the group and I put an end to the adventure. After 4 years, I couldn't see myself continuing without him… at that moment.
I took this off-time to write new music without a clear idea of what I would do with it, while trying to produce a musical film based on the original Existence concept. My film project fell short and I decided to relaunch the group.
In 1998, new musicians joined me and we released the EP Another Fine Day Of… whose title track got air-play, reaching number 11 on a Detroit radio chart. Everything was possible!
Small People, Short Story, Little Crime, released the following year, was critically acclaimed. It is Existence's best-selling album to date. A short tour followed and the album Live in Montreal, the last show of the tour, was subsequently released 15 years later.
But let's go back a bit.
Existence se produisit en spectacle de façon constante de 1992 à 1996, interprétant le projet original à plus de 80 occasions. Fragile Whisperings of Innoncence, le premier acte du projet sortit en février 1994 sur l’étiquette Black Pearl Productions que j’avais créé avec un ami.
Au printemps 1996, Éric Pilon quittait le groupe et je mis un terme à l’aventure. Après 4 ans, je ne me voyais pas poursuivre sans lui… à ce moment.
J’ai profité de cette pause pour composer des nouvelles pièces sans idée précise de ce que j’en ferais, tout en tentant de produire un film musical basé sur le concept Existence original. Je projet de film tourna court et je décidai de relancer le groupe.
“I died 3 times but I will survive.
Yes! I will live for him.
They call me Eletria! »
After an Existence show in 2002, a young woman came to me to tell me about her tragic life. The music of Existence had helped her get through this terrible period of her life, she told me. Her story stayed with me for months until I sat down at the piano at the turn of 2004.
I wrote a series of pieces in French – a first for me! – telling the sad life of my heroine whom I named Eletria. Freely inspired by the story of this young woman, Eletria tells the story of a middle-class naïve teenager, a bit idealistic, who is trapped by a smooth-spoken crook. Kept captive for 3 years, drugged and repeatedly raped, she manages to escape with a "client" but learns that she is pregnant. Against all odds, she decides to keep the child and raise him on her own.
En 1998, de nouveaux musiciens se joignait à moi et on lançait le EP Another Fine Day Of… dont la pièce titre tourna dans certaines radio, jusqu’à atteindre la 11ième place d’un palmarès d’une radio de Détroit. Le succès était à portée de main!
Small People, Short Story, Little Crime, sorti l’année suivante, fut encensé par la critique. C’est l’album le plus vendu d’Existence à ce jour. Une courte tournée suivit et on en tira un album en concert, Live in Montreal, qui sortit 15 ans plus tard.
Mais revenons un peu en arrière.
« Je suis morte 3 fois mais je survivrai.
Oui! Je vivrai, pour lui.
On m’appelle Eletria! »
Après un spectacle d’Existence en 2002, une jeune femme me raconta des bribes de son parcours mouvementé. La musique d’Existence l’avait aidé à passer au travers cette période tragique de sa vie, me dit-elle. Son histoire me resta en tête pendant des mois jusqu’à ce que je m’asseye au piano au tournant de l’année 2004.
Je composai une série de pièces en français – une première pour moi! – racontant la vie tumultueuse de mon héroïne que je nommai Eletria. Librement inspiré de l’histoire de cette jeune femme, Eletria relate l’histoire d’une adolescente de classe moyenne, rêveuse, un brin idéaliste, qui se fait piéger par un rabatteur. Gardée captive pendant 3 ans, droguée et violée à répétition, elle réussit à s’enfuir avec un « client » mais apprend qu’elle est enceinte.
Contre toute attente, elle décide de garder l’enfant et de l’élever toute seule.
Certains musiciens d’Existence (Gérard, François et Richard Ranger à la basse) se joignirent à moi et Catherine Boulanger (chant) pour enregistrer l’album qui fut lancé en 2007. Le spectacle, mêlant monologues et musique, sera présenté à 15 occasions jusqu’en mars 2009. L'histoire d'Eletria toucha tous ceux qui ont assisté aux quelques représentations. La plupart croiront que Catherine avait bel et bien vécu ces drames et voudront lui témoigner leur sympathie!
Parlons d’un succès d’estime…
« Existence n’existe plus! »
Existence, en tant que groupe n’existait déjà plus depuis 1996. Ce qui suivit était un projet que je menais seul, accompagné par des musiciens qui me supportaient contre vents et marées. Lorsque j’ai décidé de réenregistrer le projet original, sorti sous le titre approprié Origins en 2017, il était encore plus évident que ce groupe n’était qu’une vision de mon esprit. Seuls Gérard et François participèrent à l’enregistrement de toutes les pièces de l’album. Et après sa sortie, tous refusèrent de donner des spectacles pour promouvoir l’album.
Je ne peux les blâmer. Rien ne fut simple avec Existence… Mais je m’accrochais à l’idée d’un groupe, peu enclin que j’étais à créer des projets sous mon propre nom.
Puis, lorsque vint le moment d’enregistrer un nouvel album, Gaston Gagnon (guitare) refusa de participer et, coup de massue suprême, François Beaugard (violon), mon fidèle compagnon des 35 dernières années, se désista également. Tout s’arrêta là. Seul Gérard (batterie) accepta de participer mais je lui annonçai que je mettais un terme au groupe. Au point où j’en étais… J’en avais aussi assez.
Le 4 janvier 2022, j’annonçais la fin officielle d’Existence.
« Lust & Passion / Lost in Passion »
Ce projet sera mon premier album solo. En réalité, ce n’est qu’un retour à mon idée première : il n’y aura plus de nom de groupe ou d’artiste associé à mes albums. Un projet, un titre, point.
Puisque je n’étais plus lié à l’instrumentation d’un groupe, plus rien ne m’obligeait de me contenter des seuls batterie, basse, guitare, violon et piano. J’ai donc déconstruit ce que j’avais envoyé à mes collaborateurs et j’ai refait des arrangements entièrement différents. Il aurait été de toute manière ridicule de reproduire les styles de chacun et j’en aurais été incapable. J’ai donc entrepris de recommencer à zéro et de tout enregistrer moi-même. Le travail débuta au printemps 2022.
J’ai opté pour une instrumentation orchestrale grâce au soutien de l’Orchestre Symphonique de la BBC. Les fans d’Existence reconnaîtrons assurément mon style de composition mais seront, je l’espère, agréablement surpris par ce nouveau son.
À l’été 2022, Kim Gosselin, une chanteuse qui avait participé aux auditions pour Eletria et qui a chanté sur Origins, a chanté sur deux pièces complètes en plus de faire des harmonies sur deux autres pièces. Non seulement Kim a une superbe voix et j’aime travailler avec elle mais une voix féminine est était essentielle pour raconter l’histoire de ce couple.
Lust & Passion / Lost in Passion avait germé dans ma tête il y a fort longtemps, même avant la formation d’Existence! Voilà un homme qui rencontre une femme dans un bar. Lui dit qu’elle l’a séduite, elle dit qu’il l’a ensorcelée. D’expérience en expérience, les amoureux découvrent qu’ils ont le même désir de liberté sexuelle, un couple ouvert, sans tabou. Jusqu’à ce que l’homme soit secoué par la découverte de sa bisexualité. Bref, un cas classique de sortie du placard.
Pour illustrer cette histoire, j’ai commandé une toile à Virginie Ménard, une formidable artiste de Montréal, et je me suis occupé des illustrations du livret. Encore une fois, un retour aux sources pour moi! Et bien sûr, vu le propos, il ne s’agit pas d’illustrations de chiens et de chats… ce qui en choque déjà quelques-uns, à commencer par les administrateurs des réseaux sociaux…
L’album est déjà disponible en version numérique sur Bandcamp et sortira en version CD le 15 septembre prochain.
Some Existence musicians (Gérard, François and Richard Ranger on bass) joined me and Catherine Boulanger (vocals) to record the album which was launched in 2007. The show, mixing monologues and music, was presented on 15 occasions until March 2009. Eletria’s story touched everyone who attended the few performances. Most believed that Catherine had indeed lived through these traumatic events and wanted to show her their sympathy!
Let's talk about a success of esteem...
"Existence no longer exists!" »
Existence the band, stopped being one in 1996. What followed was a project that I led alone, accompanied by musicians who supported me against all odds. When I decided to re-record the original project, released under the appropriate title Origins in 2017, it was even more apparent that this band was just an illusion. Only Gérard and François participated in the recording of all the album’s tracks. And after its release, they all refused to play live to promote the album.
Existence the band, stopped being one in 1996. What followed was a project that I led alone, accompanied by musicians who supported me against all odds. When I decided to re-record the original project, released under the appropriate title Origins in 2017, it was even more apparent that this band was just an illusion. Only Gérard and François participated in the recording of all the album’s tracks. And after its release, they all refused to play live to promote the album.
I can't blame them. It was never easy with Existence… But I clung to the idea of a group, reluctant as I was to create projects under my own name.
When it came time to record a new album, Gaston Gagnon (guitar) refused to participate. Then, the ultimate blow for me was François Beaugard (violin), my faithful companion for the past 35 years, telling me had had enough. It all ended there. Only Gérard (drums) agreed to participate but I told him that I was putting an end to the group. At that point, why bother... I too had enough.
On January 4, 2022, I announced the official end of Existence.
“Lust & Passion / Lost in Passion”
This project will be my first solo album. In reality, it's just a return to my first idea: there will be no more band or artist name associated with my albums. A project, a title, period.
Since I was no longer bound to the instrumentation of a band, nothing forced me to settle for only drums, bass, guitar, violin and piano. So I deconstructed what I had sent to my collaborators and redid entirely different arrangements. It would have been ridiculous anyway to reproduce everyone's styles and I would have been unable to do so. So I set out to start from scratch and record everything myself. Work began in the spring of 2022.
I opted for orchestral instrumentation thanks to the support of the BBC Symphony Orchestra. Existence fans will certainly recognize my style of composition but will, I hope, be pleasantly surprised by this new sound.
In the summer of 2022, Kim Gosselin, a singer who had participated in the auditions for Eletria and who sang on Origins, sang on two complete pieces in addition to doing harmonies on two other pieces. Not only does Kim have a great voice and I love working with her, but a female voice is essential to telling this couple's story.
Lust & Passion / Lost in Passion had developed in my head a long time ago, even before the formation of Existence! Here is a man who meets a woman in a bar. He says she seduced her, she says he dazed her. From experience to experience, the lovers discover they have the same desire for sexual freedom, an open couple, without taboos. Until the man is shaken by the discovery of his bisexuality. In short, a classic case of coming out.
To illustrate this story, I commissioned a painting from Virginie Ménard, a wonderful artist from Montreal, and took care of the illustrations for the booklet. Again, back to my roots for me! And of course, given the subject, these are not illustrations of dogs and cats... which already shocks some, starting with the administrators of social networks...
The album is already available in digital version on Bandcamp and will be released in CD format on September 15th.